Le chunking, ou découpage d’un texte en passages courts et autonomes, divise aujourd’hui la communauté SEO.
Certains experts estiment que ce n’est qu’un buzzword marketing, car les bonnes pratiques qu’il décrit sont déjà utilisées depuis des années en rédaction web.
D’autres y voient une optimisation incontournable, utile à la fois pour l’expérience utilisateur, le SEO classique et la visibilité dans les moteurs IA (ChatGPT, Perplexity, Google AI Overviews).
Alors, faut-il vraiment optimiser vos contenus pour le chunking ?
Qu’est-ce que le chunking de contenu ?
Le chunking désigne le découpage d’un contenu web en blocs de 150 à 300 mots (200 à 400 tokens), chacun centré sur une seule idée. L’objectif est de créer des passages autosuffisants, c’est-à-dire compréhensibles même extraits du reste du texte.
Pour être efficace, un passage chunké doit répondre à trois critères :
- Autosuffisance : il peut être lu seul et reste parfaitement compréhensible.
- Clarté : il ne contient pas de références vagues ni de renvois à d’autres parties du texte.
- Structure : il s’appuie sur un titre explicite, un développement logique et une conclusion courte.
Cette notion d’autosuffisance est essentielle. Si un passage peut être extrait tel quel, le lecteur y trouve une réponse complète et un moteur d’IA peut le réutiliser directement dans une réponse générée. C’est la différence entre un texte qui oblige à relire plusieurs paragraphes pour comprendre, et un texte découpé en unités prêtes à l’emploi.
Pourquoi le chunking est-il devenu central en SEO et GEO ?
le chunking est devenu central car il améliore directement la visibilité d’un contenu, à la fois dans le SEO classique et dans les résultats générés par les LLM.
Les modèles de langage et les systèmes de type RAG (Retrieval Augmented Generation) ne lisent pas un texte d’un seul bloc. Ils l’analysent par petites fenêtres contextuelles, limitées à quelques centaines de tokens. Une fois la première fenêtre analysée, ils passent à la suivante, tout en gardant une partie du contenu précédent pour ne pas perdre le fil.
Dans cette optique, un passage autosuffisant présente deux avantages :
- il est compris plus facilement par les modèles IA.
- il a plus de chances d’être sélectionné et intégré à une réponse générée, car il correspond déjà à une unité de sens complète.
La logique est la même côté SEO. Un chunk bien structuré peut répondre à une requête précise, apparaître en featured snippet ou être mis en avant dans les blocs de type “People Also Ask”.
Le chunking agit comme un point de rencontre entre SEO et GEO. Il s’adapte au mode de traitement des IA tout en renforçant la visibilité d’un contenu dans les résultats de recherche classiques.
Les arguments en faveur du chunking
Une meilleure compatibilité avec les modèles IA
Les modèles de langage traitent les textes par petites fenêtres. Un passage autosuffisant répond potentiellement mieux à ce mode de fonctionnement, car il peut être repris tel quel sans dépendre d’un autre segment.
Un gain de visibilité dans les résultats de recherche
En SEO, un chunk bien structuré répond de façon directe à une requête spécifique. Cette technique rédactionnelle augmente donc les chances d’apparaître dans les extraits enrichis de Google, ce qui améliore directement la visibilité d’une page. Être repris dans un snippet, c’est apparaître au-dessus des résultats classiques, capter plus de clics et renforcer la crédibilité de son contenu.
Une lecture plus simple pour l’utilisateur
Pour un internaute, il est plus facile de parcourir un texte découpé en unités cohérentes est plus facile à parcourir. Avec le chunking, l’information devient plus digeste et l’expérience de lecture s’en trouve améliorée. Selon une étude Medium, les visiteurs lisent en moyenne moins de 30 % du texte d’une page, ce qui renforce l’importance de proposer des contenus clairs et facilement scannables.
Une stratégie applicable aux contenus existants
L’un des avantages du chunking est qu’il n’est pas nécessaire de tout réécrire pour profiter de ses bienfaits. Cette technique peut ainsi s’appliquer sur des contenus déjà publiés, en retravaillant uniquement certaines sections. C’est un atout pour les entreprises ne disposant pas d’un budget SEO important.
Comment rédiger un contenu adapté au chunking et au SEO
1. Une idée par section
Un chunk efficace doit développer une seule idée ou répondre à une seule question. C’est ce qui le rend autonome et compréhensible même s’il est isolé du reste de l’article.
Par exemple, si vous écrivez un guide sur le SEO, une section peut être dédiée uniquement au rôle de la balise Title. Elle comprendra sa définition, son rôle et les bonnes pratiques à connaitre. En évoquant la fonction de la méta-description ou d’un H1dans la même section, vous brouillez le sens et réduisez les chances qu’un moteur d’IA sélectionne le passage.
2. Trouver la bonne longueur pour chaque chunk
Un chunk doit être ni trop court ni trop long. S’il dépasse largement 300 mots, il risque d’être tronqué par les modèles d’IA et de perdre en clarté. S’il fait moins de 150 mots, il sera souvent jugé trop faible pour répondre à une intention précise.
La bonne pratique consiste à viser une section complète : un titre explicite, une explication développée et une mini-conclusion. Par exemple, un tutoriel de jardinage peut détailler en 200 mots la préparation du sol, sans aborder l’arrosage ou la récolte dans le même bloc. Chaque étape devient un chunk clair et autosuffisant.
3. Utiliser le HTML sémantique pour structurer le contenu
Les balises HTML de type <h2>
, <h3>
, <p>
ou <ul>
permettent aux IA de repérer naturellement les frontières logiques d’un texte. Il est donc important de les utiliser avec intelligence.
Par exemple, dans un article sur le compost, un <h2>
peut introduire la section “Quels déchets composter ?” suivi d’une liste à puces <ul>
détaillant les éléments autorisés. Ce découpage est immédiatement compréhensible pour l’utilisateur et directement réutilisable par un moteur LLM.
4. Rédiger de façon factuelle
Un chunk n’a de valeur que s’il apporte une information précise et compréhensible sans effort. Cela passe par des phrases courtes, construites à la voix active, et par l’utilisation de faits vérifiables. Les tournures vagues ou spéculatives (“il se pourrait que…”, “certains pensent que…”) réduisent fortement son intérêt, car elles n’offrent rien de concret à extraire.
Par exemple, au lieu d’écrire “Les balises Title sont utiles pour le SEO”, préférez : “Une balise Title optimisée peut augmenter le taux de clics jusqu’à 20 %, selon une étude de Moz (2023)”. La première formulation est vague et peu informative, alors que la seconde est précise, chiffrée et donc directement réutilisable par un moteur de recherche ou un LLM.
5. Ajouter des listes et des tableaux
Un texte dense est difficile à parcourir pour un internaute et compliqué à analyser pour une IA. Transformer les informations en listes ou en tableaux rend le contenu plus lisible et augmente les chances qu’il soit repris tel quel.
6. Contextualiser les affirmations
Un chunk n’a de valeur que s’il se suffit à lui-même. Pour cela, chaque affirmation doit être reliée à un contexte clair : une source, une date, un outil ou un événement. Sans cet ancrage, l’information reste vague et difficilement réutilisable, aussi bien pour un lecteur que pour une IA.
Par exemple, écrire “le taux de conversion a augmenté” ne veut rien dire isolément. À l’inverse, “après la mise en place d’un module de paiement en un clic, le taux de conversion est passé de 2,1 % à 3,4 % en trois mois (données Google Analytics 4)” donne une information complète et exploitable.
7. Éviter le remplissage
Un bon chunk doit aller droit au but. Chaque phrase doit apporter une information nouvelle ou utile. Le remplissage, les formules vagues et le jargon alourdissent le texte sans ajouter de plus value.
8. Soigner la progression entre sections
Un chunk ne doit pas exister en vase clos. Même s’il est autonome, il reste lié aux passages qui l’entourent. Les moteurs comme Google peuvent extraire plusieurs chunks voisins en même temps, ce qui rend la continuité essentielle.
Pour assurer cette cohérence, il est utile de conclure chaque section par une phrase de transition qui introduit la suivante. Par exemple, un article sur le SEO peut terminer un chunk sur la balise Title par : “Au-delà des titres, les descriptions influencent elles aussi le taux de clic”. Cette passerelle prépare le terrain pour le chunk suivant sur les meta descriptions. Ainsi, le texte gagne en fluidité et les moteurs d’IA peuvent restituer des passages entiers sans perte de sens.
Ces règles donnent un cadre concret pour appliquer le chunking. Pourtant, certains experts estiment qu’il n’apporte rien de nouveau et que le concept repose sur une illusion.
Pourquoi le chunking ne convainc pas tout le monde ?
Pour ses détracteurs, le chunking n’est qu’une reformulation de pratiques SEO déjà connues. Structurer ses textes en sections claires, avec une idée par paragraphe, n’est pas ce qu’on peut appeler une révolution.
Lors de mes débuts dans le référencement, quand je travaillais encore comme rédacteur, ces pratiques existaient déjà. Certaines agences éditoriales demandaient très clairement : un paragraphe par idée, des titres explicites, pas de voie passive et pas plus de vingt mots par phrase.
L’autre problème du chunking est qu’il repose en partie sur une illusion. Comme le rappelle la consultante SEO Despina Gavoyannis dans un article publié par Ahrefs, chaque modèle d’IA segmente automatiquement les textes selon ses propres contraintes techniques : taille des fenêtres, gestion des tokens, coût de calcul. Le découpage se fait donc côté système, pas côté auteur.
Dans ce contexte, il paraît difficile de mettre en place une stratégie de contenu qui répondrait aux logiques techniques de tous les LLM. Optimiser un texte uniquement pour le chunking peut sembler une stratégie payante, mais en réalité ce qui compte est d’écrire des contenus lisibles, bien structurés et utiles aux lecteurs.
Comme le prônent les consultants SEO depuis des années, en somme.